« La clarté ne naît pas de ce qu’on imagine le clair, mais de ce qu’on prend conscience de l’obscur. » Carl Gustav Jung
Il y a des histoires personnelles qu’il est préférable de taire. L’une des miennes en fait partie. D’ailleurs, à travers ce texte, je ne défie personne à déceler les évènements. Ceux-ci enfouis dans l’inconscient mais qui ont fini par remonter à la surface de mon subconscient, pour le meilleur et pour le pire. Même les principaux concernés n’en savent rien et je ne suis pas sûre de vouloir qu’ils en sachent quelque chose. Pourtant, je me permets d’en développer un récit, certes énigmatique, qu’il convient de commencer à partir de certains de mes agissements.
Une spontanéité quasi inexistante, trouvée il y a peu mais difficilement applicable pour toute situation. Additionné à cela, une indécision constante et un refus catégorique de mon inconscient d’aboutir à un projet de grande envergure : réfléchi, pensé et créé sur mesure. Dont cette page sur laquelle vous me lisez. Si tel est le cas, il me semble guérir un peu mais mon addiction à la pensée est telle qu’il est difficile de m’y soustraire. « Une conscience trop clairvoyante, je vous assure, messieurs, c’est une maladie, une maladie très réelle. » a écrit Dostoïevski dans « Les carnets du sous-sol ». Quand est arrivée cette déconnection du réel et donc cette maladie invisible ? Sûrement l’un de ces jours-là, couplé aux évènements précédents d’un passé tragique.
La violence des actes est telle que j’apprends bien plus tard que « l’un de ces jours-là » a conditionné ma façon de vivre durant mon adolescence. Dissociation entre ce que je veux et ce que j’obtiens ; l’un n’y est pour rien, les autres non plus. Ou si j’assume à moitié la phrase : dissociation entre … et … ; cette personne n’y est pour rien, les autres non plus. La nature humaine est indomptable, je ne veux pas que cela soit corrigé mais désormais il s’agit de m’en sortir. Pour cela, il faut du temps à ma conscience de digérer l’information, celle-ci qui remonte peu à peu du fin fond de mon inconscient.
Connaissez-vous le syndrome de Stockholm ? Je n’ai pas eu le choix à un moment donné que d’associer ma situation à celui-ci, dont mes démons et mes anges ont fini par s’approprier la gestion. De toute manière ce n’est pas désagréable jusqu’à ce que ça se finisse. L’est-ce ?
Dans cette histoire, plusieurs d’entre eux se sont imposés, imposent et m’imposent leur propre malheur. Bientôt m’imposaient car il y a un temps pour s’en affranchir. Désormais, il me semble y parvenir. Était-ce une façon de me faire regretter d’exister ? Fardeau d’un avenir trop bien tracé ; je ne peux qu’être mal traitée. Face à ce constat, certainement pas hâtif, des années de réflexion, il me faut prendre les devants. Difficile pourtant quand je m’empêche d’exister ; mentir devient la seule possibilité.
Je n’ai demandé qu’à fermer cette porte pour en ouvrir une autre, celle qui mène partiellement à l’arrêt probable du mensonge. Celui-ci que j’ai souvent considéré comme le Diable en personne mais après quelques paragraphes d’écriture, je ne peux que crier haut et fort : « J’ai menti. Et je mens encore pour exister ». Viendra le jour où cela cessera ? Issue de ce récit. Puis-je associer celui-ci qu’à mon histoire ? Il me semble que non et je peux me permettre de vous demander : « Et vous quelle est votre issue de ce récit ? »
Ludivine Van Kerrebroeck.